De 1934 à 1984 / Pour son Cinquantenaire
L’école Sainte-Thérèse doit son existence à l’Abbé GUILLERMIT qui venait de fonder, dans le quartier de la gare, une nouvelle paroisse dédiée à la petite Sainte de Lisieux. Dès le début, il voulut doter cette paroisse d’une école catholique tenue par des religieuses et, pour réaliser son projet, il a obtenu le concours de la Congrégation des Filles de Jésus de Kermaria.
Le 03 Mars 1933 s’ouvrait, sous l’église même – dont le clocher était encore inachevé – une garderie destinée à soulager les mamans de ce quartier populaire. Confiée à deux religieuses : Mère Ambroise et Mère Marie, elle prospéra si bien, qu’au bout de quinze mois, elle comptait 90 enfants.
Pendant ce temps, « la Grande Ecole » se bâtissait sur la colline de Kergoat-ar-Lez. L’ouverture officielle se fit le 27 septembre 1934 avec 134 élèves, dont 38 internes, réparties en 6 classes. L’équipe enseignante se composait de quatre sœurs : Melle BERTHELEME, directrice, Melles ROUSSEL, CALVAR et PERESSE et de deux laïques : Melles DURANT et LE CAM. Cependant, la garderie sous l’église devenait école maternelle dirigée par Melle LE PAPE. Mère Ambroise continuait ses attentions aux tout-petits, tandis que Mère Marie « montait » pour prendre la charge de l’internat et des douze premières élèves de l’école ménagère. Mère Saint Gustave, une canadienne, assurait les classes de chant et les cours de piano. Mère Alimène fraîchement débarquée du Canada, elle aussi, était chargée de la cuisine et ses talents de cordon bleu contribuaient largement à la réputation du nouveau pensionnat. Avec pour supérieure une maîtresse femme, Mère Madeleine de Pazzi, la Communauté comptait déjà 10 religieuses.
La bénédiction du nouvel établissement eut lieu le 03 octobre de la même année 1934, en la fête de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. Après la grand-messe, la procession se dirigea depuis l’église paroissiale jusqu’à l’école par la rue Pic de la Mirandole. Des élèves portaient sur des coussins rouges, les crucifix que des pères de famille suspendirent dans les classes. Croix et locaux furent bénits par Monseigneur DUPARC entouré de Monseigneur COGNEAU, évêque auxiliaire de Monsieur le Chanoine GRILL, Inspecteur Diocésain, de nombreux membres de Clergé, de la Supérieure Générale des Filles de Jésus et de ses assistantes.
A la rentrée 1944, le nombre des élèves avait doublé : 264 au total, dont 78 internes. Deux autres religieuses, Mère Cécile et Mère Michaëla arrivaient pour prendre la charge du cours ménager. Celui-ci teindra pendant 26 ans une place importante dans l’ensemble du complexe éducatif de l’Institution Sainte-Thérèse. Il faut d’ailleurs en dire autant de la section commerciale qui débuta humblement en cette année 34/35 par des cours de sténo-dactylo dispensés par la petite Mère Ambroise. Et déjà les succès venaient à couronner le travail des élèves et des professeurs. Voici les résultats des examens en 1935 :
• Certificat officiel 16 sur 20
• Certificat libre 14 sur 15
• Certificat supérieur (6ème) 19 sur 19
• Certificat 1ère année (5ème) 14 sur 14
• Sténo-dactylo 6 sur 6
• Enseignement ménager 15 sur 15
• Brevet élémentaire 2 sur 2
Chaque année, les effectifs augmentaient :
• En 1936/1937 : 305 élèves dont 106 internes
• En 1937/1938 : 354 élèves dont 127 internes
Déjà les locaux ne suffisaient plus. En 1938 un nouveau bâtiment était construit : il abritait une vaste chapelle, un dortoir, deux grandes salles d’étude. L’avenir était plein de promesses, mais bientôt ce fut la guerre…
LA GUERRE 1939-1945
Dès le début des hostilités, quelques classes du rez-de-chaussée furent réquisitionnées, comme caserne de réservistes. L’Aumônier M. COMBOT, fut mobilisé et le Vicaire Général M. MESSAGER, déjà fort âgé, se fit un devoir de venir chaque matin à pied, de l’Evêché, situé à l’autre extrémité de la ville, assurer la messe quotidienne.
En 1940, les soldats allemands remplacèrent nos réservistes. Jusqu’à la libération, ils seront là, occupant l’extrémité sud du bâtiment, en prolongement d’un dortoir : présence pénible, parfois dangereuse, exaspérante aussi, surtout quand les femmes venaient les rejoindre. A plusieurs reprises, il fallut subir les tracasseries de tous genres. Un jour, un ordre est donné de vider complètement l’Etablissement de tout mobilier. Où remiser le tout ? et où trouver des locaux pour les classes ? Démarches et recherches restent souvent infructueuses. Quand péniblement, on achève le déménagement , parvient de la Kommandantur l’autorisation de réintégrer les lieux… et l’on re-déménage sous l’œil narquois de l’occupant.
A plusieurs reprises aussi, la Gestapo perquisitionne dans les classes et dans les chambres des sœurs, suspectées d’intelligence avec les Anglais. Chaque fois, comme par miracle, livres ou objets dont la détention pouvait faire risquer le pire, échappent aux regards des soldats qui mettent armoires et bibliothèques sens dessus-dessous. Par la suite ces trésors trouveront un abri sûr dans des cachettes insolites : l’intérieur des vieilles statues du musée de l’Evêché…Cependant convoquée à la Kommandantur après l’une de ces perquisitions, condamnée à une amende, et avisée que « son compte est bon », la directrice Melle BERTHELEME comprit … et sur les conseils de l’Inspecteur Diocésain quitta discrètement Quimper pour Pontivy.
Mais la guerre, ce fut aussi, pour Sainte-Thérèse la participation à la Résistance dont les premières réunions secrètent se tinrent à l’école. Ce fut également l’envoi de vivres aux Résistants terrés à Ergué-Armel, toutes activités qui valurent à la Supérieure de l’époque, Mère Maria de St Cyr, d’être, à la Libération, décorée pour faits de Résistance.
Ce furent encore, plus prosaïquement, les multiples voyages clandestins des sœurs de nuit comme de jour, à Coray ou ailleurs pour chercher le ravitaillement qui permettrait de nourrir les pensionnaires. Pourtant en Mai 1644, le pain manqua, et le petit déjeuner se composa pendant quelques jours de pâtes. Par ailleurs, des alertes obligeaient à se réfugier le jour dans les tranchées creusées dans le parc, la nuit, faute de caves, dans les réfectoires. Aussi, le 06 Mai, les élèves furent-elles renvoyées dans leur famille pour des grandes vacances anticipées qui allaient durer six mois, jusqu’en Novembre.
Cependant, l’école continuait à prospérer. Depuis 1940, elle était devenue école secondaire préparant au baccalauréat. Si l’occupation, une règlementation stricte de l’occupation des locaux, la difficulté du ravitaillement obligèrent à modérer le recrutement, l’effectif, durant la guerre resta toujours supérieur à 400 élèves. A la rentrée 1944, donc après 10 ans d’existence, il atteignait le chiffre de 507 élèves.
1945-1959 jusqu’au 25ème anniversaire
Le grand élan fait d’espoir de confiance en l’avenir, de soif de vivre qui caractérise l’immédiat après-guerre semble se retrouver dans la vie de l’Ecole à cette époque.
Une nouvelle fois la nécessité de s’agrandir s’impose. Pour abriter les classes élémentaires, on installe des baraques dont les dernières ne disparaîtront qu’après 1960. Déjà, on songe à une construction en dur et en 1950, est inauguré le bâtiment « Maria-Goretti » construit au-dessus du préau, en surplomb de la rue de la fontaine.
En cette même année 1950, le Cours Commercial s’organise vraiment et assure la préparation des candidates d’abord aux trois C.A.P. de secrétaire, aide-comptable, employée de bureau, puis au Brevet d’Etudes Commerciales. Le cours Ménager, lui, prépare aux C.A.P. Coupe et Couture ainsi qu’Arts Ménagers.
En 1954, l’école a 20 ans, et compte 625 élèves. Une fois de plus, il a fallu construire. Dans le prolongement du bâtiment primitif s’en élève un autre, vaste, imposant, bien ordonné, que l’on appelle « Sainte-Marie ». L’extension des locaux permet d’accueillir un nombre toujours grandissant d’élèves. En effet, on se trouve en période de rapide croissance démographique. Par ailleurs, l’établissement vient d’être habilité à recevoir des boursières nationales. Pour ces diverses raisons – et aussi sans doute pour la qualité des études et de l’éducation, les élèves affluent au point qu’en 1956 l’internat atteint un effectif maximum qui ne sera jamais dépassé : 360 pensionnaires.
1959 : 25ème anniversaire de l’Institution Sainte-Thérèse. L’évènement est marqué par un rassemblement des anciennes élèves qui retrouvent là toutes les anciennes directrices, les anciennes supérieurs, à l’exception de Sœur Marie du Carmel décédée, et nombre d’anciens professeurs. Loin d’éprouver quelque nostalgie à retrouver si rapidement changés les lieux où naguère elles ont vécu et travaillé, toutes au contraire se réjouissent d’y voir le fruit de leurs efforts, le signe de la vitalité de l’établissement et la promesse d’un avenir assuré.
DE 1960 A 1984
A partir de 1960, les nouvelles lois scolaires entraînent une série de mesures qui modifieront profondément la physionomie des établissements privés.
A Sainte-Thérèse le contrat simple est signé, mais en 1964, le secondaire et le technique opteront pour le contrat d’association. Désormais, la rémunération des professeurs par l’Etat permet un recrutement massif de professeurs laïcs. Dès lors beaucoup de sœurs choisissent de se consacrer à d’autres tâches apostoliques, d’assurer une présence d’église là où le besoin s’en fait sentir de façon urgente, de se donner gratuitement aux plus défavorisés, aux laissés pour compte, soit en France, soit dans les Pays du Tiers-Monde.
L’aide matérielle de l’Etat s’accompagne naturellement d’exigences dont la plupart s’avèreront finalement bénéfiques aux établissements. Les capacités pédagogiques des enseignants seront sanctionnées par des examens ou vérifiées par des Inspections. Chacun s’efforce donc de repenser et de rénover sa pédagogie, les sessions de formation initiale ou continue se multiplient, suivies avec avidité par tous les maîtres soucieux de la qualité de leur enseignement. Un effort s’impose aussi pour la modernisation et l’adaptation des équipements : aménagement de laboratoires, amélioration des installations sportives, utilisation de matériel audio-visuel.
Aussi, malgré le transfert du Cours Ménager à Kérustum en 1960, la place manque à nouveau. En 1964, la Supérieure Sœur Maria de Chantal entreprend hardiment toute une série de d’importants travaux : construction d’une aile qui vient prolonger harmonieusement « Maria Goretti », aménagement d’une aire de jeux pour les maternelles et aussi d’un terrain de sport où s’élèvera plus tard un spacieux gymnase, enfin et surtout construction, à l’emplacement du parc d’autrefois et des plus récentes baraques, d’un vaste bâtiment audacieusement accroché au flanc de colline, et qui abritera, outre les classes primaires, une immense salle destinée à servir, selon les besoins, de salle de théâtre, de cinéma, de fêtes, voire de chapelle.
Le primaire devient autonome à partir de 1966. La première directrice, sœur Madeleine, éducatrice née, sait prendre ou accueillir les initiatives qui mettent bientôt son école « à la pointe » du renouveau pédagogique. Avant ceux des autres établissements privés Quimpérois, les petits élèves de Ste Thérèse fréquentent la piscine municipale et apprennent l’Anglais en pratiquant un quart d’heure par jour de conversation anglaise. Sœur Monique LE GALL a déjà introduit dans toutes les classes l’enseignement personnalisé qui tout en respectant le rythme de chaque enfant, vise à lui faire prendre lui-même la responsabilité du travail, et développe chez lui le goût de la recherche et de l’effort.
En 1968, un projet de réorganisation de l’Enseignement Catholique de Quimper entraîne le regroupement de toutes les sections techniques féminines au Paraclet et donc la suppression du cours commercial de Ste Thérèse. Cependant, le secondaire s’adopte aux réformes successives et voit toujours croître ses effectifs. Heureusement le développement des transports scolaires en réduisant le nombre de pensionnaires, permet de tirer parti des locaux de l’internat. En 1973, 7 nouvelles classes sont ainsi installées au 2nd étage du bâtiment « Sainte-Marie » en place d’un grand dortoir. Parallèlement le « standing » de l’internat s’améliore et les élèves du 2nd cycle disposent d’une chambre individuelle.
Deux évènements importants marqueront les années 70 à 80. L’année 1974 voit l’introduction , en 6ème, de la mixité, qui s’étendra d’année en année à toutes les classes et qui incitera à accueillir dans le corps professoral un plus grand nombre d’hommes. L’année 1976 voit confier la direction de l’établissement à un jeune Laïc, M. CHRISTIEN. Ces deux mesures ne manquèrent de susciter en leur temps, chez certains, quelques appréhensions. L’avenir a prouvé que ces craintes étaient injustifiées… l’école primaire, le collège et le lycée mixtes Ste Thérèse, où n’enseignent plus que quelques religieuses, ont pu conserver l’esprit de travail et de simplicité qui caractérisa leur origine. La Congrégation fondatrice ne se désintéresse d’ailleurs pas de l’école : ayant conservé jusqu’à présent la tutelle de l’établissement, elle s’engage à veiller au maintien du caractère propre de l’école. Propriétaire de la majeure partie des bâtiments elle en assure l’entretien. En 1979, elle cède une portion du jardin de la communauté voisine pour permettre l’érection, du self-service, la dernière en date des constructions, inauguré à Pâques 1982.
Au moment où l’Institution Sainte-Thérèse fête ses 50 ans, de nouvelles lois scolaires se préparent et chacun s’interroge sur l’avenir de l’école catholique. Puisse-t-elle conserver le droit et les moyens de poursuivre sa mission, c’est-à-dire de prendre en compte, dans son projet éducatif, la dimension spirituelle et religieuse de l’existence. Puisse-t-elle aussi, dans le respect des consciences oser proposer aux jeunes qui cherchent un sens à leur vie, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, son message de Liberté et d’Amour.